Etat de l'UTTAR PRADESH au nord de l'Inde

Holi : fête des couleurs

HOLI : Fête des couleurs

En Inde, l’arrivée du printemps est saluée par une des fêtes les plus colorées au monde : Holi, la fête des couleurs ou le festival de l’amour universel. 

Elle a lieu chaque année au début de mars (mois de Phalgun), au lendemain de la pleine lune.

Le Holi (ou Dhuli en Hindi) est un des plus important et ancien festival religieux Hindou, célébré surtout en Inde mais aussi au sein d’autres communautés Hindu comme au Népal et au Pakistan. Holi est le moment de l’année où toutes les castes, les ethnies, les sexes se réunissent au même endroit dans le même but. C’est la célébration de cinq évènements : 

l’équinoxe du printemps, le début du nouvel an Hindou, l’occasion de renouveler de vieilles relations ou de mettre fin aux conflits dans les relations actuelles, et l’amour pur et universel (illustré par l’amour ressenti par Radha pour Krishna, une divinité Hindu), et finalement le triomphe du bien sur le mal (illustré par la légende sacrée de la mort de la démon Holika). 

Chaque région a ses propres rituels et coutumes tous très différents les uns des autres, et si le festival Holi est célébré partout en Inde c’est principalement au nord du pays et la région d’Uttar Pradesh que les festivités sont les plus spectaculaires. A titre d’exemple, il s’étend sur 16 jours à NandgaonBarsana-Goverdhan-Vrindavan et à Mathura – les villes avec lesquelles Lord Krishna partageait une profonde affiliation car, dans toute son exubérance, Holi est principalement associé à l’amour immortel de Lord Krishna et Radha.

————

En plus des plaisirs habituels – poudre colorée, fleurs et eau –, Holi est marquée par des processions vibrantes qui sont accompagnées de chansons folkloriques, de danses et d’un sentiment général de vitalité.

Les deux villes les plus représentatives de cette fête des couleurs sont Barsana et Nandgaon sans pour autant oublier Varanasi (Bénarès) où s’y mêle la dévotion à Shiva. 

Mathura est lieu de naissance du dieu Krishna et une très ancienne ville évoquée dans l’épopée indienne du Ramayana (son nom proviendrait de la forêt mythique ‘Madhuvana’.). Située à environ 42 km de Mathura, la petite ville de Barsana, est réputée pour sa manière particulière de célébrer Holi – au neuvième jour du mois de Phalgun selon le calendrier hindou. Lieu de naissance de Radha, la bien-aimée du Seigneur Krishna, Barsana attire chaque année un grand nombre de visiteurs.

En ce jour particulier, les hommes de Nandgaon se rendent à Barsana. Leur intention est de s’emparer du temple de Shri Radhikaji. Mais, entre autres, les femmes de Barsana s’y opposent. Elles leur résistent avec des bâtons de bambou (Lathis). C’est pourquoi ici Holi est également connu sous le nom de ”Lathmar Holi”. C’est une tradition unique qui a lieu durant la semaine du Holi. Les femmes du village de Barsana vêtues de leurs saris les plus flamboyants et armées de pigments de couleurs et de bâtons prennent d’assaut les hommes du village voisin (Nandgaon en l’occurence) pendant que ceux-ci chantent en choeur des chansons provocatrices et se protègent à l’aide de boucliers. Les hommes sont incapables de riposter. Tout ce qu’ils peuvent faire est d’éclabousser les femmes de couleurs. C’est une bataille factice où les vainqueurs et les vaincus s’amusent tandis que l’air résonne de chants sacrés. Ces chansons connues sous le nom de Hori sont basées sur les conservations entre Krishna et Radha.

Selon la légende, le Seigneur Krishna aurait subi un traitement similaire de la part des gopis*.

Le lendemain, l’inverse qui se produit. Les hommes de Barsana se rendent à Nandgaon (Nandgaon fait partie de Braj Bhoomi, la région où le seigneur Krishna aurait passé son enfance).

Nandgaon est à environ 7 km de Barsana. Les hommes de Barsana viennent dans une grande procession portant le drapeau du temple Larily Lal de Barsana. Leur objectif est de rejoindre le temple de Shriji à Nandgaon, alors que les hommes de Nandgaon tentent de s’emparer de leur drapeau. Tout cela se termine par un simulacre de bataille entre les hommes de Barsana et les femmes de Nandgaon. Les femmes essaient de repousser les hommes en utilisant des lathis (bâton de bambou). Juste retour des choses, car la veille, leurs hommes avaient été traités de la même manière par les femmes de Barsana. Les hommes en retour les aspergent d’eau colorée avec l’essence des fleurs de kesudo (Gujarati) rouge-orangé et de palash**. Le tout dans une expression de joie et d’allégresse.

Outre les jeux de couleurs, les échanges de friandises et autres divertissements, des rituels uniques ont également lieu dans la région d’Uttar Pradesh.

La veille du Holi, un feu est allumé dans les rues pour rappeler la crémation de Holika, une démone brûlée par Vishnu. Allumé à presque chaque endroit de l’Uttar Pradesh il symbolise le triomphe du bien sur le mal. Selon la légende, le roi démon Hiranyakashyap*** aurait conspiré avec sa soeur Holika pour tuer son fils Prahlad, qui était un grand disciple de Lord Narayana. Cependant, il n’a pas réussi sa mission. Son fils a été sauvé alors que sa sœur a été consumée par le feu. Ce rituel est souvent accompagné par des chants et des danses aux rythmes du Dholak, un instrument à percussion traditionnel du nord de l’Inde.

Tout le monde participe pour allumer le feu. Un pot de nouvelles graines d’orge est conservé sous le bûcher. Quand le feu s’éteint, ces graines sont consommées par les participants. Les prévisions concernant les récoltes futures sont souvent fondées sur l’état des semences ou la direction des flammes. Souvent les cendres de ce feu, considérées comme très bénéfiques, et les fragments de bois en combustion sont ramenés à la maison. Les indiens allument leurs feux domestiques avec ces braises et gardent les cendres qui, à leur avis, les protégeront des maladies.

Durant le festival, l’air de presque toutes les villes est plongé dans des couleurs variées grâce aux poudres gulaal. Les jeunes se les appliquent les uns aux autres et en étalent sur les pieds des aînés de la famille. Des pichkaris (pistolets à eau) de différentes formes et tailles envahissent les marchés. L’environnement se colore et tout le monde participe de tout cœur dans une image d’allégresse. Les gens circulent avec des pigments de couleurs qu’ils se jettent l’un à l’autre dans la joie et la bonne humeur. Il est alors d’usage de s’excuser, après avoir sacrifié au rite coloré, par « Bura na mano, Holî hai » (« Ne soyez pas fâché, c’est la Holi » en hindi).  ”Happy Holi” pour les anglophones !

Mais il est bon de ne pas oublier que les pigments de couleur ont une signification bien précise : 

– le vert pour l’harmonie, l’orange pour l’optimisme, le bleu pour la vitalité et le rouge pour la joie et l’amour.

C’est aussi l’occasion pour s’inviter à partager de délicieux bonbons comme Gujiya, Mathri et Laddoos et des mets délicats préparés spécialement pour cette occasion comme le fameux Thandaï, un mélange de lait, d’amandes et de cannabis. 

Le Holi est à l’image de l’Inde: Flamboyant et chaotique ! 

*Gopī est un terme sanscrit utilisé en Inde et dans l’hindouisme ; il signifie « gardienne de vaches ». Dans le Sanatana Dharma les Gopîs sont des jeunes gardiennes de vaches entièrement dévouées à Krishna

** Holi coïncide avec la floraison du Palash ou Flamme de la Foret, un des arbres les plus spectaculaires des plaines arides du Nord de l’Inde. Au moment de la floraison, l’arbre dénudé de ses feuilles, se pare d’une multitude de fleurs d’un rouge des plus éclatants. Traditionnellement, les fleurs du Palash sont séchées pour être ensuite pulvérisées et obtenir une poudre vermillon avec lequel enfants et adultes se badigeonneront.

*** Hiranyakashipu est un asura de l’hindouisme qui martyrisait son fils Prahlada à cause de sa dévotion au deva Vishnou. Il était reconnu pour sa grande cruauté. Pour le vaincre, Vishnou a été obligé de prendre sa forme de Narasimha, son avatar mi-homme mi-lion.

Les hommes de Barsana viennent à Nandgaon pour conquérir le temple de Shriji à Nandgaon, alors que les hommes de Nandgaon tentent de leur prendre le drapeau. Les hommes en retour les trempent dans de l’eau colorée. Ils utilisent kesudo et palash pour les tremper. Et après la bataille initiale, ils ont tous chanté les chansons appelées samaj. En effet un beau spectacle à regarder.

————